16 novembre 2011

Le choeur des femmes

C'est un excellent livre de Winckler. C'est toute la vie de ce chef de service d'orthogénie qui vient de relancer mon envie de rester au service des femmes, le temps d'une après-midi d'échanges professionnels - par son engagement, sa clarté pédagogique, et surtout, surtout, à travers sa tendresse pour les femmes. C'est le quotidien des services de planification...

Alors, malgré l'épuisement de ces jours, je me suis efforcée d'ouvrir mes oreilles plus grand encore. Et j'ai été récompensée : par ces gamines qui viennent demander une contraception avant les prises de risques - signe que les actions de prévention ne tombent pas toujours dans l'oreille des sourd(e)s ; par les quelques entretiens pré-IVG (de plus en plus en nombreux, au risque de ne plus rien y entendre) qui ont à nouveau permis une parole non pas sur "Pourquoi cette IVG ?", mais, "Pourquoi cette grossesse ?" ; par des rencontres Planning Familial qui, de fil en écoute, ont ouvert à une demande de psychothérapie...

Et, last but not least : j'ai dû faire en soirée, après une journée harassante, une intervention dans un centre d'hébergement pour femmes malades psychiatriques - dont beaucoup d'ex-toxicomanes. J'y suis allée à reculons. J'en suis revenue avec le sourire, touchée par leur franc-parler, leur générosité, leur humour aussi. Nous avons beaucoup ri, abordé toutes sortes de thèmes. Elles veulent que je revienne. J'en ai envie aussi.

Et puis... je me suis mise à relire Winckler !

Quand on pose des questions, on n'obtient que des réponses.
Elles savent toujours de quoi elles souffrent.
Tout le monde ment. Les patients mentent pour se protéger. Les médecins mentent pour garder le pouvoir.
Ce qu'une femme ressent est plus important que ce que tu sais. Et ce que tu crois compte beaucoup moins que ce qu'elle ne dit pas.
Le soignant, c'est celui à qui le patient prend la main.

Il y a un joli article à ce sujet dans le ELLE de cette semaine - quelques thérapeutes plus ou moins médiatiques parlent d'un patient qui les a marqués ; le point commun, c'est celui-là : la rencontre, le point de bascule se sont toujours produits au moment où ils ont accepté de ne pas savoir, de se laisser enseigner ce qu'il y avait à faire par le patient lui-même.